ZEROSECONDE.COM: septembre 2011 (par Martin Lessard)

ZEROSECONDE.COM

Impacts du numérique sur la communication, notre société, nos vies.

Les commentaires ont de la valeur

Bon. Quand j'écris «Le contenu n'a plus de valeur quand les internautes sont dans les réseaux sociaux (c'est la référence qui en a)», il ne faut pas s'attendre à un encéphalogramme plat de la part de mon réseau. Si vous cherchiez une preuve que les réseaux sociaux ont capturé la conversation de la blogosphère, la voilà!. Et c'est passionnant!

Mon article original est ici: Le contenu n'a plus de valeur, et les commentaires se sont retrouvés sur plusieurs plateformes:

SUR TWITTER

Simon, directeur développement des nouveaux médias à @voir, est le premier à sauter sur le morceau et à déclencher une conversation

@SimonJodoin : "le contenu n'a plus de valeur... c'est la référence qui en a" - ça mériterait une réflexion plus profonde que cette phrase.

@martinlessard : Ça mériterait plus, oui. C'est ce que mon banquier me dit.

@SimonJodoin : LOL. Les banquiers, tous les mêmes... Il m'a dit la même chose. Mais sérieusement, mériterait approfondissement.

@martinlessard : C'est qqchose qui me trotte depuis longtemps mais que je n'ai pas développé encore, c'est vrai. Variante de "Context is king"

@SimonJodoin : Je lirai avec intérêt. Réflexion intéressante, aux ramifications terrifiantes.

Sophie, animatrice de communauté à @Generation_INC, est aussi dubitative devant ma déclaration:

@SophieGiroux : Pas certaine d'être d'accord! Il ne prend pas de la valeur au contraire?

@martinlessard : La valeur est donnée par l'élément déclencheur (ex: packaging d'une commodité). Tout contenu peut être remplacé. Pas un ami.

@SophieGiroux : désolé mais je continue de croire que plus le contenu est véhiculé dans les réseaux sociaux, plus il prend de valeur

@martinlessard : Quand le contenu entre dans les réseaux, il est "référé". Le contenu référé survit ("a de la valeur")

@SophieGiroux : et que dire du nombre de partages?

@martinlessard : Le # de partage est la "mesure de succès" d'un contenu dans les réseaux. cqfd?

Ianik, économiste complète:

@IanikMarcil : Mais n'est-ce pas déjà le cas (i.e. qualité de la référence); par ex. NYT vs. le Weekly World News? contexte=notoriété

@martinlessard : oui la qualité de la référence, NYT vs. WWN, existait, mais jamais avec une telle intensité. All the news that fits your mind

SUR FACEBOOK

Luc Jodoin : Le contenu n'a plus de valeur. Mon pote Martin Lessard pousse un peu fort l'oxymore, c'est certainement vrai dans une économie de l'attention et du marketing du chou et du navet, mais y'a pas que l'économie dans le vie, ciel! :). Le contenu n'a plus de valeur économique, hum c'est une tendance, en effet. :). Et à quoi bon la référence, si c'est le vide sidéral au bout...

Lionel Dujol : C'est vrai. Néanmoins, la valeur d'un contenu peut être "bonifiée" parce que partagée, propulsée par des référents influents. Dans ce cas, le contenu à moins de valeur que la référence. Mais on a pas attendu le web social pour mesure le poids des influenceurs.

Luc Jodoin : J'aime l'idée d'un contenu bonifié parce que «indexé», on fait ça depuis des lustres nous les bibliothécaires. Ce que montre le graphique de Martin , c'est qu'il y maintenant 800 000 millions de bibliothécaires potentiels sur Facebook. On a parlé de sursaturation de l'info, on verse lentement dans la sursaturation de la référence ... bon, les plus futés peuvent toujours compter sur des super médiateurs numériques ou des «autorités» cognitives (une expression qui me fait sourire). :)

Lionel Dujol : La sursaturation de l'info devient problématique. Même les veilleurs sensés faire le tri ont tendance à faire ce qu'appelle Marie D. Martel de la veille-spam. Perso, je m’interroge beaucoup là-dessus. Je lève le pied sur ce que je partage sur FB. je me demande si je dois continuer à partager ma veille sur Twitter qui est un format bien trop court pour "bonifier" l'info. Pour te dire je m'interroge même sur la suite à donner à ma présence numérique !

Luc Jodoin : Je suis plutôt d'accord avec toi, mais pour ta présence numérique, je la souhaite permanente. Elle est riche, bien dosée et sympathique :)

Claude Champagne : Si on avait plus de temps, nous aurions un blogue riche et détaillé. Car, ce sont les sites d'infos qui donnent de la matière aux réseaux sociaux. Les FB, Twitter et cie sont des relais minute. J'ai lu ça, j'espère un échange. Parfois, ça arrive, quand c'est dans l'air du temps, quand l'info est publiée en même temps qu'il y a des gens que cela intéresse.

Luc Jodoin : Claude, de la graine de thécaire :)

SUR GOOGLE PLUS

Yves Ouellette -
Donc si je comprends bien la valeur ajoutée est très faible...

Fabián Rodríguez -
Heuh, la référence c'est du contenu.

Martin Lessard -
C'est une image. La valeur (finale) est donnée par l'élément déclencheur (par ex: le packaging d'une commodité lui donne la valeur d'être acheté). Tout contenu peut être remplacé. Pas un ami. Si mon ami me refile un lien, j'ai 1000 x plus de chance de le visiter que le Nième site sur le Xième sujet de mes Zième thèmes que j'aime...

Philippe Beaudoin -
Heu? Et les amis refilent les liens en fonction de quoi alors? Au contraire, avec les médias sociaux, le contenant n'a plus de valeur. Seul le contenu en a.

Martin Lessard -
En fonction de la valeur perçue dans l'échange; le contenu est interchangeable. Les derniers billets de Techcrunch, RRW ou GigaOM se ressemblent, mais celui qui sera retransmis par un ami aura plus de valeur de lecture...

Yves Ouellette -
Si les médias, qui sont le contenant, n'ont pas de valeur. Donc il faut vite développer un média qui rassemble tous les types de post. Nous n'aurons plus à passer de l'un à l'autre pour suivre l'information.. / Je me trompe...

Philippe Beaudoin -
Tout à fait en désaccord, Martin. Le contenu ce n'est pas "l'article de Techcrunch" ou "l'article de RRW", c'est ce dont l'article parle. On se fiche de qui couvre la conférence de presse de Apple, ce qu'on relaie c'est l'information qu'on y apprend. Comme le contenu est le nouveau roi, il sera de plus en plus difficile d'être le leader si on diffuse du contenu facilement accessible à nos compétiteurs, sans l'améliorer significativement.

À mon avis, les médias sociaux vont recentrer le journalisme sur les articles de fond car c'est l'effort que le journaliste fait pour comprendre le sujet et éclairer ses lecteurs qui sera le différentiateur, non plus la force avec laquelle il fait la promotion de son message.

Christiane-Sophie Romano -
Philippe me semble valider la thèse de Martin malgré son approche contradictoire. Ma compréhension du texte de Martin est que le contenu existe, évidemment, mais que le média qui profitera de l'achalandage produit par ce contenu, sera déterminée par l'influence des R-S.

Ex.: si, dans mes activités de veille et de revue de presse, je ne fréquente jamais le site de New York Times, ce site va quand même recevoir des "hits" de ma part si un de mes contacts me suggère un contenu sur ce site.

Ceci me fait toutefois conclure que la variété de mes "contacts" recommandant des liens aura aussi un effet sur la qualité de l'information qui me parviendra. Comme les contacts sont souvent des "silos" (selon les allégeances, affinités, etc.), les R-S appliquent un filtre qui agit différemment sur l'individu. Je me demande si la courbe "macroscopique" est représentative de ce qui se passe au niveau individuel.

Martin Lessard -
Intéressants commentaires!

Philippe Beaudoin -
C'est l'avantage d'un titre sensationnel... :)
(Ceci dit, je crois que Christiane-Sophie résume bien nos différences d'opinion apparente.)

Le contenu n'a plus de valeur

En discutant cet après-midi avec la tête de l'équipe numérique de Protégez-vous, dont je suis membre du conseil d'administration, je leur faisais remarquer comment les médias devaient prendre note de la montée du social dans le partage de contenu.

Il me semble que l'attrait du contenu, dans un monde de surabondance, n'est plus le même : à part quelques sites à la tête de la longue traîne, tout site qui n'aura pas une composante sociale qui propulse le contenu dans les interstices des réseaux sociaux tombera dans les franges de la marginalité. 

Pour un média, ce n'est pas rassurant. 

Et comme par hasard, je tombe sur ce graphique qui illustre la percée faramineuse de Facebook. Les données ne concernent que les Américains, mais l'onde de choc se rendra partout ailleurs par la suite.

Quand le temps de présence en ligne passe par un réseau social, il faut compter sur les citations, et uniquement les citations, pour espérer avoir de la visibilité.



J'écrivais il y a un an et demi que nous venions vivre une décennie de progression exponentielle des médias sociaux en ligne et que nous commencions maintenant à entrer dans une autre de consolidation. Ce graphique illustre tout à fait le type de danger pour toute compagnie média de ne pas prendre acte que le contenu n'a plus de valeur, mais que c'est la référence qui en a.

[PS du 29 septembre 2011: les critiques ne se sont pas fait attendre: les voici]

[PS du 28 octobre 2011: J'ai donné une (petite) conférence sur le sujet lors du CommunityCamp du 26 octobre 2011 à Montréal. Vous y trouverez mes diapositives]

Graphique via AllThingsD

Le Digital Launch Pad 2011

Le Digital Launch Pad est maintenant ouvert pour inscriptions. Ils recherchent «les meilleures innovations dans la sphère numérique québécoise». 


 « L’attention du consommateur est maintenant dirigée vers les plateformes émergentes telles la vidéo en ligne, les réseaux sociaux, les tablettes mobiles et les applications dont les marques recherchent pour trouver de nouvelles manières de rejoindre leurs publics », dixit Mark Greenspan, producteur exécutif de nextMEDIA, dans un communiqué de presse que j'ai reçu il y a quelques instants.

Comme le communiqué était long, je vais vous le faire court: « Le Digital Launch Pad vous offre la chance de connecter avec des agences à la recherche de nouvelles avenues et outils pour coller leurs marques à des consommateurs passionnés du numérique. Le Québec est un foyer d’innovations dans ce secteur et nous sommes impatients de présenter les membres de la communauté québécoise à de nouveaux partenaires potentiels. » Rien de moins.

Je crois que certains lecteurs de Zéro Seconde seront intéressés, particulièrement les étudiants de mon cours à l'UQAM. Ça reste foncièrement quelque chose qui relève de la sphère marketing et publicitaire, mais en l'absence d'aide étatique à la relève numérique, c'est peut-être un bon tremplin pour des talents d'ici pour être vu ailleurs - en autant que vous n'y perdiez pas votre âme.

Le Digital Launch Pad est présenté dans le cadre de nextMEDIA les 5 et 6 décembre prochain à Toronto. Ils attirent les gros noms torontois du secteur tels « MediaCom, Starcom MediaVest, Ogilvy Entertainment, Rethink Toronto, Initiative, Quizative, Proximity, JWT, Tribal DDB et henderson bas kohn ». La récompense consiste en des commentaires des professionnels et leaders de l’industrie,  et les six finalistes se verront offrir des entrées gratuites à nextMEDIA Toronto et aux Digi Awards.

 Les catégories 2011 sont «Hot web sites »(Sites web d’avant-gardes populaires) et « Hot Webseries» (Séries Web d’avant-gardes originales). La date limite est le 21 octobre 2011 et vous trouverez plus d'infos ici: www.nextmediaevents.com/toronto/digital-launch-pad

C'est mon petit coup de pouce à la relève.

Le Wall Street Journal lit Zéro Seconde

On reçoit des courriels des matins qui se situent dans les zones floues du pourriel ou de la bonne nouvelle. En lisant le message, ci-dessous, de Monica Sanford, dont le courriel ne me dit rien, j'apprends que le WSJ lit mon blogue, accent inclus (le gras est de moi):

Hi Martin,


The Wall Street Journal just released a new film to help promote the launch of their Facebook app “WSJ Social”. We’ve been readers of Zéro Seconde for a while now and think it’s one of the better sources of information on the social media space. We were wondering what you and maybe some of your other readers think of the video and the new Facebook app.

Thanks much,


Monica
 


Video: http://youtu.be/5gai1OmYRX8
App: http://social.wsj.com

Je publie ce billet parce que je crois que le vidéo est bien mignon et montre le changement dans la société à propos des relations humaines, des échanges d'information horizontaux entre individus et l'avancement des technologies de communication. Je n'ai pas essayé l'application.

Voici la vidéo:

Ma recherche

Le courriel ne vient pas d'une adresse du Wall Street Journal, mais comme le courriel et les liens pointent vers des éléments du WSJ, je ne vois pas qui d'autres auraient pu envoyer le message (sauf probablement une équipe mandatée par le WSJ, comme semble le suggérer l'usage d'un outil de mass mailing, Jangomail, pour envoyer le courriel).

Je ne sais pas si Monica est autorisée à dire que WSJ est un lecteur de mon blogue, mais je lui donne bien sûr le bénéfice du doute 8-) Je ne vais pas m'enfler la tête, tout de même. Je comprend le jeu des envois massifs. Je souhaite juste que mon blogue a été choisie sincèrement par cette Monica Sanford.

Si c'est la même Monica qui travaille au Daily Nebraskan (et si elle lit vraiment le français) alors je suis flatté, car j'aime bien son point de vue sur un sujet chaud (c'est le cas de le dire, car c'est sur le réchauffement planétaire) et sur le cap 'n trade dans cette discussion (quoi qu'avec qu'avec quelques réserves):


[Mise à jour 29 septembre 2011: je ne crois pas finalement que ce soit la même, mais ça n'enlève rien que la vidéo de l'interview est intéressante)

G+ trois mois après

Google Plus (G+), malgré les 25 millions d’adeptes qui se sont joints au réseau depuis son lancement au début de l'été semble subir un ralentissement. Je posais la question hier sur le blogue Triplex si cela signifiait un déclin pour la plateforme sociale de Google, pour faire écho à un buzz la semaine dernière. Mais qu'en est-il vraiment?

J'écrivais qu'un étude, qu'il faut tout de même prendre avec des pincettes, remarquait une baisse 41 % des commentaires publiés publiquement sur G+. L'étude de la firme ne prend pas en compte les commentaires privés. Mais je me posait tout de même la question : où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter?

Certains signes s'accumulent: Gizmodo.fr spéculait sur le fait que Larry Page, CEO de Google, n’ait plus posté sur G+ depuis le 15 août dernier. Huffington Post comparait les termes des recherches Google+ (et Google Plus) avec ceux d’un autre produit, Google Maps. On y voit un sursaut au lancement pour G+ suivi d’un lent déclin. Les recherches de Google Maps restent, elles, constantes. Et en comparant avec les recherches du terme Facebook au cours de l’été, on remarque aussi que G+ apparaît à peine sur le radar, alors que Facebook garde le cap allègrement.

Stats Google Analytics sur les termes Google Plus versus Google Maps:

G+ vs Maps
Avec le recul, on voit effectivement que G+, malgré sa bonne base d’abonnés et ses fonctionnalités intéressantes, n’a pas encore trouvé son souffle. G+ est encore jeune. Twitter et Facebook ont mis longtemps avant de percer, eux aussi! De plus, il faut aussi comprendre que la plateforme sociale de Google est encore en mode Beta fermée. Ce qui n'aide pas: on a beau être 25 millions, on s’y sent à l’étroit quand on ne peut pas inviter ses amis.

Voir article complet

J'ai recueillis (sur G+ !) des commentaires sur mon billet que je vous partage ici:
(source ici et ici)

Claude Champagne - Le problème, avec les "amis", est toujours le même, selon moi. Ils ont reçu une invitation, se sont abonnés, viennent faire un tour sur Google+ et "attendent" qu'il se passe quelque chose... Leurs "amis" font plus ou moins pareil, ils ne participent pas, et se disent qu'il ne se passe rien sur Google+, puis retournent sur Facebook.

Richard Sigouin - Le problème avec G+ et aussi avec les autres réseaux sociaux. Très peu de gens publie du nouveau contenu original. On se lasse à la longue de revoir et revoir les mêmes liens publiés. Soyons original dans nos publications, ça intéressera probablement plus de gens à venir y faire un tour un peu plus souvent...

Nicole Fodale - Je crois que les usagers apprivoisent la bête et que par conséquent au lieu de publier continuellement publiquement, ce que je faisais au début ne comprenant pas tout à fait la porté, maintenant les gens publient davantage à leurs cercles. L'autre chose aussi Facebook s'adapte plutôt bien en s'inspirant de G+ et pour cela je crois que G+ est perdant aussi par le fait qu'il n'est toujours pas public. Les gens sur Facebook voient arriver de belles modifications rien qui puissent les inciter à aller voir ailleurs.

Francis Robert - Je crois qu'il faut être patient. Ce qui fait la force de G+ selon moi c'est tous les outils Google qui viennent avec. Pour une personne qui utilise déjà Gmail (et Calendar, Documents, Photos, etc), c'est facile et même naturel d'utiliser G+. Mais pour bien du monde, il s'agit d'un compte de plus à créer et gérer et c'est là que c'est moins tentant.

Yves Ouellette - Oui... jeune et vieux. entre la naissance et la mort des outils sur internet est souvent rapide. Les post en mode cercle fermé est difficile à estimer mais surement un impact. J'aime bien ce produit, je suis déjà un adepte de Google qui développe des outils que me sont utiles et gratuits.

Seb Paquet - Il semble que G+ ne soit pas suffisamment différent de FB/Twitter pour justifier la migration de M. Tout le Monde.

Sophie Giroux - Parce que cela est supposé s'adresser à M. Tout le Monde? On a vu Fb ajouter des fonctionalités (Subscribe, Groups, etc.) pour tenter de ressembler à G+. Qu'est-ce qui manque ici pour qu'on ait enfin l'impression que d'y passer du temps vaut la peine?

Seb Paquet - Plus de dames!

Yves Williams - Peut-on vraiment parler de problème ?

1) Quelle est la définition de "Publics Posts"? Est-ce seulement les message en "mode public" ? Si c'est le cas, même ce "post", envoyé pour "cercles étendus", ne serait pas comptabilisé. Cette statistique est peut-être trompeuse. Elle peut aussi simplement cachée une modification dans les usages.

2) Il ne faut tout de même pas oublier que tout nouveau joujou voit son usage prendre des proportions plus raisonnables après l'effervescence de la nouveauté.

3) Quoiqu'il en soit, la version de G+ n'est, selon moi, qu'embryonnaire. Google+ est en excellente position pour développer un pôle dominante de la gestion de son identité en ligne. Son développement futur renforcera sans doute encore plus cet aspect. Pendant que Facebook fait beaucoup actuellement pour ressembler à G+, ce dernier tirera probablement son réseau dans des zones que les autres ne pourront pas le suivre.

Et un commentaire sur Triplex:

Claude Lessard - De ton analyse G+, ce que j'en comprends est que finalement l'utilisation qu'en font la plupart est de créer des contacts, du même genre que ceux de LinkedIn, et ensuite de converser avec elles en privées. Si ma compréhension est exacte, il va falloir que Google se repositionne avant d'ouvrir les portes. Car c'est loin d'être certain que les utilisateurs de LinkedIn vont migrer vers G+. J'ai toujours cru que Google voulait à la fois prendre la clientèle Facebook et LinkedIn, en offrant les fonctionnalités des deux réseaux en un seul. À mon avis, c'est ce dont on a besoin, un réseau qui couvre tous les aspects de la vie, privée ou publique, mais qui permet quand même, par son interface, de partitionner les deux aspects.

Les nouveaux supports améliorent-elle la qualité et la richesse des informations?

Quatre présentateurs télé américains reviennent sur la journée du 11 septembre et donnent leur sentiment sur l’évolution des médias. Extraits.

Kalb Reort
Je vous partage les réponses à une des questions posées, pour mémoire. Les réponses, pour succinctes qu'elles soient, n'en donnent pas moins les mots clés pour toute bonne réflexion: news broker, honnêteté, sélection, tri, confiance expérience, temps...
[Source: extraits du compte rendu sur L'observatoire des médias du dernier Kalb Report, par Benjamin Polle]

Marvin Kalb (animateur du Kalb Report) : « Est-ce que les nouveaux supports améliorent la qualité et la richesse des informations qui sont diffusées ? »


Dan Rather (CBS, « Evening news »): « je suis très sceptique au sujet de ce que Twitter par exemple peut apporter. On ne remplacera jamais l’atout d’une personne expérimentée, qui joue son rôle de courroie d’informations (« broker of news ») avec honnêteté. L’avenir passera par internet, mais impliquera d’être très sélectif dans ce que l’on retient de l’information si on veut en conserver la bonne qualité ».

Charles Gibson (ABC, « Good Morning America ») : « L’avenir des médias traditionnel passe par le commerce d’une des choses que nous avons encore à vendre : la confiance ».

Frank Sesno (CNN alors, aujourd’hui directeur de programme à la Georges Washington University) : « C’est comme lorsque l’on est malade, on commence par aller voir sur internet ce que l’on peut trouver sur le sujet, et après on finit toujours par aller voir son médecin habituel. Le bon reportage continuera de demander de l’expérience et du temps. »

Brit Hume (Fox News): « Le format ne se substituera pas à l’expérience. »

Frank Sesno : « Et si le risque de sources tronquées existait avant les réseaux sociaux, il ne fera que continuer avec eux ».
 Autres questions sur L'OdM: Le 11 septembre à la télévision, 10 ans après

La totalité de la rencontre se trouve ici:


La transcription complète est ici (PDF)

Autres billets sur Zéro Seconde sur le même sujet

- Tweets de crédibilité: le cas de Ben Laden (mai 2011)
- Les médias sociaux augmentent-ils la "morbide obésité des points de vue" ?(mars 2011)
- L'enfer est pavé de bonnes nouvelles (février 2011)
- Le ban de Wikileaks (décembre 2010)
- Le mur payant du Times confirme la "commodité" de l'information (novembre 2010)
- Le numérique est au coeur de l'avenir du journalisme (mars 2010)
- Le journaliste-réseau (mars 2011)

La sphère

Demain à 16 h, heure de Montréal, 22 h à Paris, une toute nouvelle émission à la radio de SRC (95,1 FM à Montréal): La Sphère animée par Matthieu Dugal, sur les «nouveaux médias et les réseaux sociaux». Probablement quelque chose qui va vous intéresser. Matthieu me confirme que ce sera aussi disponible en balado.
La sphère
Deux parties

Pour la première partie de l'émission, les invités seront André Mondoux, sociologue des médias et professeur à l’UQAM, et Michel Dumais, journaliste en nouvelles technologies. Vous pouvez être sûr d'entendre un autre son de cloche sur les médias sociaux et probablement quelques remontages de bretelles: ils ne sont pas reconnus pour dire des évidences et répéter les communiqués de presse.

Michel animait une émission hebdomadaire à CIBL il y a quelques années sur les technologies qui était le rendez-vous radiophonique de la communauté internet. J'y ai été invité à plusieurs reprises et les sujets étaient de hauts niveaux. Ça promet donc.

Dans la deuxième partie: Lucien Francoeur, professeur au cégep de Rosemont, et Mario Asselin, d'Opossum, sur les nouveaux outils à l'école comme aides pédagogiques. Mario est probablement le spécialiste de la question. Quand je le rencontre régulièrement, c'est immédiatement intéressant et profond. Rien ne lui échappe sur la techno dans le monde de l'enseignement.

Deux craintes

On va se croiser les doigts: espérons qu'on ne leur pas dit de faire simple pour madame Panet de la rue Panet. On est en 2011, tout de même. il ne s'agit pas de faire du Média Social 101, mais de rattraper le retard et de tirer vers le haut à deux mains.

Malheureusement, format oblige, ces deux parties sont des demi-heures quart d'heures,  alors que chaque paire d'invités aurait méritée l'heure au complet à eux seuls. Un changement de format aurait été très approprié pour un tel sujet, mais on dirait que quelqu'un a peur que les auditeurs s'ennuient. Alors on en mets 4, bien cordés. Il y en aura pour tous les goûts. Erreur.

Un grand vin se déguste en prenant son temps. Coincé dans de petits verres de dégustation, ça goutte le plastique.

À relire sur Zéro Seconde

Sur les mêmes sujets que la prochaine émission de La Sphère, voici quelques billets que j'ai écris ici:

Éducation

Éduquer au 21e siècle: tout reste à inventer (mars 2011)
Un vibrant plaidoyer qui prend acte de la rupture dans l'éducation au XXIe siècle

Internet et enseignement (octobre 2007)
Alors qu'en France on dit “La seule solution : débrancher l’école, la déconnecter. Internet, ça ne sert à rien", au US on dit commencez à vous poser la question de l'inadéquation de l'école d'aujourd'hui avec les nouveaux outils (vidéos)

Evolution de l'acquisition du savoir (août 2007)
Pistes de solutions selon L'UNESCO pour traverser des changements radicaux dû aux TIC.

Mythologies de la connaissance (Novembre 2006)
Idées reçus sur la connaissance en réseau et à distance (5 billets)

Futur des médias sociaux

G+ changera-t-il nos usages des médias sociaux? (juillet 2011)
Premiers constats sur la nouvelle plateforme

2009-l'année des médias sociaux (décembre 2009)
2009 clôt une décennie de progression exponentielle des médias sociaux en ligne.

Pour en finir avec les natifs versus les immigrants digitaux (janvier 2009)
Sur Marc Prensky, l'Internet comme auberge espagnole et les bas-fonds du RSS

L'écosystème de l'information (décembre 2008)
Une série de trois billets sur cette nouvelle écologie des médias qui commence à se mettre en place

Les 6 cultures d'internet (septembre 2006)
Impossible de comprendre le futur d'internet sans comprend sa culture en pelure d'oignon


Tiens un petit bonus pour la route: voyez le chemin parcouru par les grands médias par rapport aux réseaux sociaux

Ma série de billets sur #huisclos

1- IVI: Interruption Volontaire d'Information : Décryptage. Où on repose les questions du projet (et y réponds).

2- Huis Clos J-1: Où peut-être on sent un petit flottement dans la préparation ou du moins l'annonce du projet.

3- Huis clos J+2: Où on effleure la difficile tâche de synchroniser les hiérarchies de l'actualité.

4- Huis clos : fin de parcours: Où un #boom permet de voir le travail de filtrage à l'oeuvre.

5- « Ce qu’on a découvert grâce à Huis Clos sur le Net » : Où on ne cache pas notre perplexité face à certaines "conclusions".


Loin des yeux, loin du choeur (de plaintes)

On prend un café et on lit dans le journal ce matin : «Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune [du Québec] a fermé hier les pages Web de son site internet qu'ils avaient consacrées à la "radioactivité au naturel" dans les dernières semaines» (Le Devoir)


On lit un peu plus bas que des voix s'étaient élevées pour publiquement dénoncer ce site qui, selon eux, banalisait le phénomène de la radioactivité («elle est partout, elle est naturelle»)

Je n'ai pas eu la chance d'aller le voir avant qu'il ferme. Destiné aux enfants, le site expliquait le phénomène pour «les intéresser à la géologie».

Sachant que le gouvernement en place trouve que les pets des vaches sont plus polluants que le forage de gaz de schiste, on se demande si le site était du même acabit en faveur de l'industrie minière.

Comme il est aussi vrai que la radioactivité (naturelle) n'est pas dangereuse et on peut se demander si les détracteurs ne criaient pas au loup.

Mais pas de site, pas de moyens de se faire une idée

Mine de rien

Mon premier problème dans cette histoire est que mes taxes ont servi à payer un site que je peux plus voir.

Le second est de me faire une tête. Soit que les fonctionnaires se sont «rendu compte que c'était une gaffe» (comme le dit Ugo Lapointe de la coalition Pour que le Québec ait bonne mine dans l'article), soit qu'ils ont l'interrupteur sensible et tirent la prise de courant dès que le ton monte.

Dans le deuxième cas, ma foi, ce n'est pas très démocratique: une minorité peut empêcher la diffusion de l'information. Dès qu'un nombre critique de voix se fait entendre (et que des médias s'en emparent), quelqu'un dans l'hiérarchie craint pour sa carrière. Si l'info était solide, il n'y avait pas à la retirer. Ils prêtent ainsi flan à la critique.

Mais dans le premier cas, en retirant le site, il n'y a plus de référence possible. Plus de contestation possible. Plus de point de comparaison. Plus moyen de juger par soi-même.

Le point aveugle du réseau: Pas de données? Pas de buzz!

Alerte aux bananes!

Si un citoyen veut faire "son enquête" (derrière son écran , dans son salon), il est bien mal pris. Il faudra bien qu'il se tourne vers les journalistes, qui sont payés pour ce type de recherche, les seuls qui vont au-delà des données accessibles...

Ou on se tourne vers Google et ses caches. [cache 1, cache 2]

Et ce qu'on y trouve est tout de même inoffensif : «Savais-tu que la radioactivité est d’abord un phénomène purement naturel? Même ta banane du matin en contient !» S'en suit un questionnaire benêt du genre : 2 + 2 = ? (a) 4; (b) 8; (c) ma petite vache a mal aux pattes.

«Au Québec, les éléments radioactifs contenus dans le sol sont surtout:
a) l’uranium, le thorium et le potassium. b) le planétarium, l’insectarium et l’aquarium. c) le strontium, le plutonium et le silicium.
Ça ne ressemble pas à de la désinformation (au sens fort).
«Cette année, le thème abordé est : la radioactivité au naturel! Découvrez où et comment se manifeste la radioactivité dans notre environnement, comment on la mesure, quels sont ses effets et comment on l’utilise. Voyez ce qu’on vous propose pour mieux connaître et explorer le sujet.»

Si le thème est «radioactivité au naturel», il ne faut pas s'attendre à ce qu'on parle de Tchernobyl ou de la vitesse où on perd ses cheveux (et la vie) quand on est exposé à 6 sieverts et plus.

Mais ça fait un peu mesquin de ne pas aborder nulle part les dangers. Par exemple, quand on creuse dans le sol pour faire de jolies mines et qu'on remonte en trop grosse concentration de gentils éléments qui déséquilibrent la radioactivité au naturel.

Mais bon. On est assez grand pour juger par nous même. Inutile de retirer le site dès que quelques personnes lèvent le ton...

Le spectacle

«Si vous n'êtes pas avec nous, vous êtes contre nous». Après une dose intense de souvenirs préformatés, dix ans après les événements du 11-septembre, où de façon compréhensible on commémore les victimes, il faut un remède de cheval pour se remettre à repenser les vrais enjeux:

Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. [1]

Le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images. [4]

Le spectacle se présente comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. [12]

Dans le spectacle, une partie du monde se représente devant le monde, et lui est supérieure. [29]

Le spectacle est la carte de ce nouveau monde, carte qui recouvre exactement son territoire. [31]

Le spectacle dans la société correspond à une fabrication concrète de l'aliénation. [32]

Le spectacle est le capital à un tel degré d'accumulation qu'il devient image. [34]

Le spectacle est absolument dogmatique et en même temps ne peut aboutir réellement à aucun dogme solide [71]

Le spectacle, comme organisation sociale présente de la paralysie de l'histoire et de la mémoire, de l'abandon de l'histoire qui s'érige sur la base du temps historique, est la fausse conscience du temps. [158]

La consommation spectaculaire qui conserve l'ancienne culture congelée, y compris la répétition récupérée de ses manifestations négatives, devient ouvertement dans son secteur culturel ce qu'elle est implicitement dans sa totalité : la communication de l'incommunicable. [192]

Le spectacle est l'idéologie par excellence, parce qu'il expose et manifeste dans sa plénitude l'essence de tout système idéologique : l'appauvrissement, l'asservissement et la négation de la vie réelle. [215]

La désinsertion de la praxis, et la fausse conscience anti-dialectique qui l'accompagne, voilà ce qui est imposé à toute heure de la vie quotidienne soumise au spectacle ; qu'il faut comprendre comme une organisation systématique de la «défaillance de la faculté de rencontre», et comme son remplacement par un fait hallucinatoire social : la fausse conscience de la rencontre , l'«illusion de la rencontre». [217]

Si la logique de la fausse conscience ne peut se connaître elle-même véridiquement, la recherche de la vérité critique sur le spectacle doit aussi être une critique vraie. Il lui faut lutter pratiquement parmi les ennemis irréconciliables du spectacle, et admettre d'être absente là où ils sont absents. Ce sont les lois de la pensée dominante, le point de vue exclusif de l'actualité, que reconnaît la volonté abstraite de l'efficacité immédiate, quand elle se jette vers les compromissions du réformisme ou de l'action commune de débris pseudo-révolutionnaires. Par là le délire s'est reconstitué dans la position même qui prétend le combattre. Au contraire, la critique qui va au-delà du spectacle doit savoir attendre. [220]

in La société du spectacle, Guy Debord